L’héritage d’E. M. Forster : « Only connect » dans les arts britanniques d’hier à aujourd’hui

 

Université Toulouse Jean Jaurès

Laboratoire CAS (EA 801)

Groupe ARTLab (Atelier de Recherche Toulousain sur la Littérature et les Arts Britanniques)

Axe « Construction(s) de l’individu et du collectif »

Programme « Mémoires individuelles et collectives. Mémoires et réécritures »

Colloque organisé par Laurent MELLET et Elsa CAVALIÉ

Dates : 10 et 11 décembre 2015

 

À peine plus d’un siècle après la publication des premiers romans de l’écrivain britannique E. M. Forster, ce colloque international se propose d’interroger la postérité artistique, esthétique, politique et éthique d’une œuvre dont les contours génériques ont souvent été définis comme flous, entre héritages victorien et édouardien et ouvertures modernistes.

Depuis la mort de l’auteur, en 1970, nombreux sont les exemples, dans la littérature mais aussi le cinéma britanniques, d’artistes et d’œuvres qui reconnaissent et mettent en avant une influence certaine de l’écrivain de l’âme anglaise, pour citer Woolf, écrivain d’une foi renouvelée dans les rapports humains et un humanisme libéral spécifiquement britannique. On pense aux adaptations filmiques signées James Ivory (A Room with a View, Maurice, Howards End) et David Lean (A Passage to India), puis à l’hommage rendu explicitement à Howards End par la romancière Zadie Smith dans son roman On Beauty (2005).

Après un tournant éthique à la fin du siècle dernier, la littérature britannique contemporaine semble désormais s’engager dans une autre forme de retour à l’humain, et faire de ses espaces narratifs le laboratoire d’une nouvelle forme de reconnaissance de l’autre dans toute son indépendance politique. Dans ce contexte, il est frappant de remarquer combien les références à Forster se multiplient, dans le monde littéraire comme dans le monde universitaire. Dans son dernier roman Expo 58 (2013), Jonathan Coe affirme avoir voulu travailler sur la figure forstérienne de la perte de repères du Britannique plongé dans un environnement étranger. Dans le journal The Guardian, Laurence Scott révèle la pertinence toute contemporaine des questions posées par Forster dans son roman secret et posthume sur l’homosexualité, Maurice. En 2014, les éditions Palgrave Macmillan publient un ouvrage d’Alberto Fernandez Carbajal, Compromise and Resistance in Postcolonial Writing: E. M. Forster’s Legacy. L’année passée également, un des plus grands écrivains sud-africains contemporains, Damon Galgut, transforme en roman les épisodes indiens de la vie et de la production littéraire de Forster, Arctic Summer (Atlantic Books).

L’objet principal de notre réflexion ne se limitera pas à recenser les manifestations de ce retour contemporain à Forster, ni même à théoriser celui-ci. Il s’agira plutôt d’en tracer la généalogie et de mettre au jour les modalités successives de cet héritage, depuis le premier roman de Forster, Where Angels Fear to Tread (1905) jusqu’à ce que Forster devienne lui-même un sujet romanesque dans le livre de Damon Galgut. On sait l’histoire de la littérature britannique du vingtième siècle jalonnée de figures qui se réclamaient de l’éthique forstérienne ; à la lumière des fulgurants échos contemporains de cet auteur dans la culture britannique, comment peut-on désormais appréhender l’héritage esthétique et littéraire de Forster chez des auteurs aussi significatifs que Christopher Isherwood, George Orwell, Evelyn Waugh, Angus Wilson, jusqu’à, aujourd’hui, Kazuo Ishiguro, Alan Hollinghurst, Zadie Smith, ou Jonathan Coe ? En quoi une logique de la connexion, des correspondances et des échos, chère à Forster dans sa vie privée comme dans son approche de l’écriture, peut-elle tout autant caractériser la postérité esthétique et politique de son œuvre ? De quel héritage forstérien (idéologique, esthétique, critique) la littérature et les arts britanniques postréalistes, postmodernistes et contemporains, se réclament-ils ?

On pourra par exemple explorer les pistes suivantes :

–       analyse des résonances éthiques et esthétiques des choix forstériens

–       devenir des redéfinitions forstériennes de l’anglicité

–       généalogie des grandes structures à la fois idéologiques et esthétiques (liberal-humanism, only connect, écriture du secret)

–       nouvelle approche critique de la structuration logique de la littérature britannique, du Modernisme à aujourd’hui

–       par effet de miroir, possibilité de théoriser différemment les processus de filiation et de réécriture

–       échos forstériens dans la critique et la théorie littéraires contemporaines

–       intermédialité/transmédialité de cet héritage (cinéma, opéra)

 

À l’occasion de ce colloque, nous réfléchirons à la possibilité de fonder une structure qui fédérera, en France et à l’étranger, les chercheurs spécialistes de Forster et de sa postérité. Cette association pourra assurer un travail de veille des actualités et publications forstériennes, organiser colloques et journées d’étude, et participer à la publication de nouvelles recherches sur Forster. Un site Internet pourra constituer une première plateforme d’échange. Nous établirons ensemble le mode de fonctionnement et les statuts de cette association forstérienne en conclusion de nos travaux.

 

Une publication des actes en Angleterre est envisagée. L’essentiel des communications pourront donc se faire en anglais.

 

Les propositions (environ 400 mots), accompagnées d’une notice biographique, sont à envoyer à Pr Laurent Mellet (lau.mellet@gmail.com) et Dr Elsa Cavalié (elsacavalie@free.fr) avant le 30 mai 2015.

 

Comité scientifique

 

Dr Christine Berberich (University of Portsmouth, Angleterre)

Pr Philippe Birgy (Université Toulouse Jean Jaurès, CAS EA 801)

Dr Nicolas Pierre Boileau (Aix Marseille Université, LERMA EA 853)

Dr Howard J. Booth (University of Manchester, Angleterre)

Pr Peter Childs (Newman University, Angleterre)

Dr Alberto Fernandez Carbajal (University of Leicester, Angleterre)

Pr Jean-Michel Ganteau (Université Paul Valéry Montpellier 3, EMMA EA 741)

Dr Sebastian Groes (Roehampton University, Angleterre)

Pr Catherine Lanone (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, PRISMES EA 4398)

Pr Christine Reynier (Université Paul Valéry Montpellier 3, EMMA EA 741)

Pr Jeremy Tambling (University of Manchester/Université de Hong Kong/chercheur indépendant, Angleterre)

 

 

E. M. Forster’s legacy: “Only connect” over a century of British arts

 

 

University Toulouse Jean Jaurès (France)

Research team CAS (EA 801)

Convened by Laurent MELLET and Elsa CAVALIÉ

10 and 11 December 2015

 

Hardly more than one century after British writer E. M. Forster’s first novels were published, this international conference will question the artistic, aesthetic, political and ethical legacy of novels that have often been defined as generically blurred, oscillating as they do between the Victorian and Edwardian legacy and Modernist drives.

Since Forster’s death in 1970, many British novelists and film directors have acknowledged and even claimed the influence of the novelist of the English soul (in Woolf’s terms) and of a renewed faith in both human relationships and a quintessentially British liberal-humanism. We may think here of the film adaptations by James Ivory (A Room with a View, Maurice, Howards End) and David Lean (A Passage to India), and of Zadie Smith paying homage to Howards End in her On Beauty (2005).

After the ethical turn at the end of the twentieth century, British literature today seems to go back even more drastically to the figure of the individual human being, and to turn the narrative space into some laboratory of a new form of empowerment of the other’s political autonomy. It is in this context that the references to Forster are more and more frequent, both in British fiction and in academia. Jonathan Coe says that in his latest novel Expo 58 (2013) he wanted to work on the Forsterian motif of the British abroad losing their bearings. In The Guardian Laurence Scott shows how relevant the issues Forster raised in his secret novel about homosexuality, Maurice, are today. In 2014 Palgrave Macmillan published a study by Alberto Fernandez Carbajal entitled Compromise and Resistance in Postcolonial Writing: E. M. Forster’s Legacy. Last year too Damon Galgut, one of the most prominent contemporary South-African writers, turned the Indian periods of Forster’s life and literary output into a novel (Arctic Summer, Atlantic Books).

This conference will not only aim at spotting and theorising this return to Forster today. Rather we will endeavour to trace its genealogy and shed light on the successive modes of the legacy, from Forster’s first novel, Where Angels Fear to Tread (1905) onwards, to the novelisation of Forster himself by Damon Galgut. We know that the history of British fiction in the twentieth century teems with novelists and artists who claimed to adhere to and follow Forsterian ethics. In the light of the striking echoes of Forster in contemporary British culture, how can we analyse his aesthetic and literary legacy in works by writers as significant as Christopher Isherwood, George Orwell, Evelyn Waugh, Angus Wilson, and today, Kazuo Ishiguro, Alan Hollinghurst, Zadie Smith, or Jonathan Coe? How can the principle of connection, of correspondences and echoes, which informed Forster’s private life and approach to writing so much, equally characterise the aesthetic and political influence of his oeuvre? Which Forsterian legacy (ideological, aesthetic, critical) do Postrealist, Postmodernist and contemporary British literature and arts claim?

We might explore the following lines:

–       an analysis of the ethical and aesthetic echoes of the Forsterian choices

–       the evolution of Forster’s redefinitions of Englishness

–       the genealogy of his main ideological and aesthetic patterns (liberal-humanism, only connect, secrecy)

–       a new critical approach to the logical structuring of British literature from Modernism to the present

–       conversely, the possibility to think anew the process of intertextuality and rewriting

–       the Forsterian echoes in contemporary literary theory

–       intermediality/transmediality of the legacy (cinema, opera)

 

We will also be considering the creation of a structure which could bring together, in France and abroad, scholars and specialists of both Forster and his legacy. It will monitor Forsterian news and publications, organise conferences and symposiums, and take an active part in the publishing of new research on Forster. A Website will be created, to be used as a first platform for exchange and interaction. We will discuss the statuses of this Forsterian association when closing the conference.

 

As a selection of the proceedings will be published in England, communications will preferably be in English.

 

Proposals (around 400 words), together with a biographical note, should be sent to Pr Laurent Mellet (lau.mellet@gmail.com) and Dr Elsa Cavalié (elsacavalie@free.fr) by 30 May 2015.

 

Scientific committee

 

Dr Christine Berberich (University of Portsmouth, England)

Pr Philippe Birgy (Université Toulouse Jean Jaurès, France, CAS EA 801)

Dr Nicolas Pierre Boileau (Aix Marseille Université, France, LERMA EA 853)

Dr Howard J. Booth (University of Manchester, England)

Pr Peter Childs (Newman University, England)

Dr Alberto Fernandez Carbajal (University of Leicester, England)

Pr Jean-Michel Ganteau (Université Paul Valéry Montpellier 3, France, EMMA EA 741)

Dr Sebastian Groes (Roehampton University, England)

Pr Catherine Lanone (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, France, PRISMES EA 4398)

Pr Christine Reynier (Université Paul Valéry Montpellier 3, France, EMMA EA 741)

Pr Jeremy Tambling (University of Manchester/University of Hong  Kong/independent scholar, England)